La première fois...
... que l'on découvre Tess &Ben, c'est souvent par hasard, en concert. Et tout de suite on se demande ce que ça peut donner.
Il faut dire qu'un duo «une contrebasse, une voix... et puis c'est tout », ça pose question... On imagine un répertoire calme et intimiste, posé et épuré par nature...
Et puis ils commencent à jouer et on réalise qu'on a eu tout faux.
Car Tess & Ben, c'est en fait beaucoup plus qu'une contrebasse et une voix.
La contrebasse joue sur plusieurs modes (et moods) : archet, slap, pizzicato... La versatilité et la virtuosité de la voix rendent toutes les interprétations envisageables. Avec un looper et beaucoup d'idées, tout devient instrument. La contrebasse et les corps se font percussions, les voix harmonisées deviennent nappes. Avec en ostinato une complémentarité et une complicité constante entre les duettistes. Chacun prend sa place, avec assurance et charisme, jamais au détriment de l'autre.
Et puis il y a les choix artistiques. Partant d'un répertoire de titres (très) connus, s'autorisant des incursions dans tous les styles, Tess & Ben commencent par réduire chaque chanson à sa plus simple expression, ils la démontent et la dissèquent, puis ils la réarrangent, la ré-harmonisent, se l'approprient, en restant surtout et toujours fidèles à son âme, sans jamais la dénaturer.
Et c'est ainsi que de la restriction originelle naît une originalité sans limite.
« Délaissant les grands axes » et les lieux communs, Tess & Ben nous sortent enfin des sentiers battus et rebattus de la chanson contemporaine, et nous font (re)découvrir à l'infini la richesse de leur répertoire.
...et les suivantes !
Alors une fois qu'on a goûté à Tess & Ben, on y revient forcément. En cd, en vidéo, et en live encore et encore. Et à chaque fois, on découvre quelque chose de nouveau, qu'on n'avait pas repéré auparavant. Une subtilité harmonique, une citation musicale discrète, une connivence entre les compères. Et on sait que cette fois, encore, ne sera pas la dernière, que notre histoire avec Tess & Ben promet d'être encore longue et riche...
Xavier Reusser
(Photo Charlotte Collin)